La résistance palestinienne vous parle !

14 Août

Les médias boycottent ce qui fut sans doute un des éléments les plus importants de ces dernières manifestations. La résistance palestinienne s’adresse directement aux manifestants! Hamas, Jihad, Fatah, FPLP vous parlent! À l’heure où la France soutient les crimes sionistes tout en se présentant comme défenseur des chrétiens arabes, l’archimandrite orthodoxe Attallah Hannah appelle à l’unité contre le sionisme!

Faites tourner et diffusez largement, et surtout, méditez-bien ce que nous disent les représentants des factions palestiniennes!

Un extrait particulièrement éloquent :

« Nous sommes certains que la communauté arabe et musulmane  [de France] peut introduire un grand changement dans la politique internationale, en tant que bloc humain important en Europe, et à Paris en particulier, et vous pouvez, par votre unité, votre patience et votre conscience, vous imposer en tant que force importante dans la politique européenne et de montrer au monde que l’islamophobie est une fabrication des gouvernements occidentaux qui veulent vous marginaliser et vous isoler du soutien aux questions justes des peuples de notre nation arabo-islamique, et vous isoler de la symbiose humaine et civilisationnelle avec les peuples qui vous entourent, car ces gouvernements craignent que s’écroulent sur leur têtes les temples du mensonge qu’ils ont édifié.

Chers frères et sœurs, au nom de mes frères dans le mouvement du Jihad islamique en Palestine, au nom du peuple palestinien, au nom des héros des Brigades al-Quds, d’al-Qassam, d’al Aqsa, d’Abu Ali Mustafa et des Comités et des autres combattants de notre peuple palestinien, notamment dans la bande de Gaza, je vous remercie un à un, pour vos efforts… Nous sommes certains que nous pouvons, ensemble, obtenir la victoire. »
Abu ´Imad Rifa´i, représentant du Jihad islamique

Le message de Muntadhar Al Zaïdi à la jeunesse arabe de France : apprenez votre langue !

5 Sep

Muntadhar Al Zaïdi, le journaliste irakien qui avait lancé sa chaussure à la figure de G. W. Bush en 2003, a rencontré le mouvement des Indigènes de la République et adressé un message d’une particulière intensité à la jeunesse arabe de France dans cette vidéo (qui date de 2009).

Soutien à la résistance antisioniste, même en Syrie !

15 Mai

 

Dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 mai, l’aviation israélienne a effectué de nombreux raids sur la Syrie, bombardant plusieurs bâtiments stratégiques tels que le palais présidentiel de Damas, un centre de recherche chimique, ainsi que d’autres bâtiments de la garde républicaine.

Ces raids massifs ont été menés pour la quatrième fois depuis le début de la révolte syrienne en mars 2011. Plus tôt dans la journée du samedi 4 mai, les autorités sionistes avaient bombardé une partie de la terre syrienne, au motif qu’il s’agissait d’un convoi de missiles du Hezbollah libanais, dont certains membres combattent actuellement en Syrie aux côtés des forces armées de la dictature.

Bien que Bachar Al Assad avait annoncé une riposte sévère de son armée contre Israël, rien n’avait été mené.

En deux ans de révolte, ce sont les forces de la rébellion syrienne qui mont montré leur antisionisme concret en tirant à plusieurs reprises sur la frontière israélienne au Golan occupé.

Depuis 1967, l’Etat israélien occupe et colonise le Golan syrien. Les autorités sionistes ont même officiellement annoncé son annexion par une loi adoptée à la Knesset en 1981. Depuis 1973, le régime d’Al Assad (père et fils) n’a jamais tiré une seule balle en direction d’Israël, contrairement aux forces de la rébellion, tant syriennes que palestiniennes.

Ainsi, le Front Islamique Syrie, l’une des forces de la résistance armée qui combat en Syrie contre le régime, a envoyé des mortiers au Golan pour lutter contre l’occupant sioniste et a utilisé son artillerie ce mardi 7 mai en ouvrant le feu sur la frontière israélienne. De même, la Brigade des Martyrs d’Al Yarmouk a envoyé des combattants au Golan pour les mêmes raisons, et a organisé l’enlèvement de 4 membres du FNUOD (Forces des Nations-Unies Chargées d’Observer le Dégagement) en poste au Golan.

La Brigade des Martyrs d’Al Yarmouk est un des groupes armés qui combat actuellement en Syrie contre les forces loyalistes fidèles à Bachar Al Assad. Fondée en 2012, elle a d’abord été créée dans un but défensif seulement. En effet, au cours d’affrontements entre des forces rebelles et des forces loyalistes, le camp de réfugiés Palestiniens d’Al Yarmouk s’est retrouvé au milieu de ces combats à maintes reprises. Pour éviter d’impliquer les Palestiniens de Syrie dans un “conflit” alors que leur situation est déjà politiquement compliquée, un accord avait été conclu entre les autorités de la dictature d’Al Assad et les révoltés, dans le but d’épargner les Palestiniens. L’accord n’ayant pas été respecté, ni par le régime (qui s’est mis à bombarder le camp Palestinien à plusieurs reprises) ni par les rebelles, les forces palestiniennes du camp de réfugiés ont constitué un groupe armé dénommé la “Brigade des Martyrs d’Al Yarmouk”, dans le but de défendre les réfugiés Palestiniens des diverses attaques. Le camp ayant été de plus en plus attaqué par le régime et se trouvant au milieu d’affrontements, la Brigade a elle-même pris de l’importance. Non seulement elle s’est rangée du côté de la révolte syrienne pour la liberté, mais elle a également rejoint les rangs d’un des groupes de résistance armée, “l’armée syienne libre” (ASL), dans le but de combattre les forces fidèles au régime de Bachar Al Assad par les armes. La Brigade d’Al Yarmouk a également montré son antisionisme, au même titre sur la frontière “israélienne” au Golan occupé à plusieurs reprises, et en enlevant, entre autres, des observateurs de l’ONU.

Quoiqu’il en soit, Israël jouit une fois de plus d’une impunité totale, et bombarde toute une population, alors qu’elle continue d’occuper des terres, palestiniennes et syriennes, qui ne lui appartiennent pas.

Ceci s’inscrit dans le cadre d’une colonisation qui perdure depuis la Nakba (catastrophe), en 1948 lorsque les forces mandataires britanniques, conjointement avec l’ONU, ont décidé d’usurper la terre arabe palestinienne pour créer l’Etat israélien qui continue sa politique d’apartheid, d’occupation et de colonisation depuis lors.

Si l’Etat israélien est pleinement responsable de ces attaques à répétition, tant à l’encontre du peuple Palestinien que du peuple Syrien, nous tenons nos gouvernements complices de ces agissements criminels. En effet, non seulement nos institutions gardent le silence face aux crimes perpétrés en toute impunité depuis 65 ans maintenant, mais offrent en plus des privilèges à l’entité sioniste en concluant des accords avantageux notamment pour l’importation de produits israéliens (fruits, légumes et autres) en Union Européenne, ou encore par l’organisation des phases finales du championnat d’Europe des moins de 21 ans en juin 2013 en Israël, décision prise et maintenue par l’UEFA malgré les protestations de BDS France via la campagne “Carton rouge contre Israël” (pour plus d’informations : http://cartonrougeapartheidisrael.weebly.com). Ces accords normalisent nos relations (commerciales, culturelles, académiques, etc.) avec l’occupation sioniste.

Qu’il s’agisse d’attaques menées à l’encontre du peuple Palestinien ou contre le peuple Syrien, nous condamnons ces pratiques. Anticolonialistes et par conséquent antisionistes, nous réaffirmons notre soutien à toute forme de résistance, armée ou non, en Palestine et en Syrie, qui agit concrètement et ne se contente pas de mots pour service ses intérêts, et qui vise, entre autres, à réaffirmer la souveraineté arabe sur toutes les terres occupées.

Soutien à la lutte palestinienne de libération nationale.

Soutien à la lutte syrienne de libération des terres occupées.

Soutien à toute forme de résistance arabe antisioniste

 

BOYCOTT, DESINVESTISSEMENT, SANCTIONS CONTRE ISRAËL !

 Source Génération Palestine  

Jean-Pierre Filiu sur la révolution en Syrie

23 Avr

Source : Oumma.com

En se plongeant dans les méandres de la Révolution syrienne, Jean-Pierre Filiu n’était pas en terre inconnue, mais en immersion intellectuelle dans un pays qui lui est familier et cher, où il résida en sa qualité d’adjoint de l’ambassadeur de France à Damas, de 1996 à 1999.

Face à la tournure dévastatrice d’une insurrection populaire avide de changement, entamée pacifiquement et emportée dans le tourbillon mortifère d’un conflit qui bouscule tous les schémas, Jean-Pierre Filiu a répondu à l’appel impérieux de la recherche afin de décrypter les tenants et les aboutissants de la contestation syrienne et de la répression implacable menée par le régime de Bachar al-Assad.

Sous une plume passionnante qui éclaire la Révolution syrienne à la lumière de la perspective historique, de l’analyse d’actualité et de la réflexion prospective, Jean-Pierre Filiu signe « Le nouveau Moyen-Orient, les peuples à l’heure de la Révolution syrienne », le premier livre entièrement consacré à la Syrie d’hier et d’aujourd’hui, pour mieux se projeter dans la Syrie de demain.

– Dans votre ouvrage, vous observez l’émergence d’un nouveau Moyen-Orient à la faveur d’une renaissance arabe qui est actrice de son destin. Vous évoquez un prolongement de la Nahda, quels en sont aujourd’hui les enjeux essentiels, et quel sera le rôle de la Syrie future ?

Ma thèse d’historien est assez simple et elle s’inscrit dans le prolongement de mon ouvrage précédent, « La Révolution arabe, dix leçons sur le soulèvement démocratique », publié au début de la vague révolutionnaire. Nous assistons à l’aboutissement d’un processus historique de longue durée, engagé durant la Nahda/Renaissance du XIXème siècle, et frustré par l’établissement de dictatures au lendemain des indépendances arabes. La Syrie, du fait de sa centralité historique et politique, joue un rôle déterminant dans cette nouvelle ère.

– Est-ce une revanche sur les accords franco-britanniques «Sykes-Picot» de 1920? Pouvez-vous en rappeler les grands objectifs et les lourdes conséquences pour les peuples concernés ?

La division artificielle du Moyen-Orient entre la France et la Grande-Bretagne, sur la base des accords secrets de 1916, connus sous le nom de leurs négociateurs Sykes et Picot, est en effet une cause fondamentale de l’instabilité des Etats devenus plus tard indépendants. Le paradoxe révolutionnaire est que la légitimation, par la lutte même, du cadre hérité de la colonisation va conforter ces frontières, initialement imposées, mais devenues celles d’un peuple en lutte pour son indépendance authentique. Il est frappant de voir que les révolutionnaires syriens ont choisi le drapeau de la Syrie rétablie en tant que telle en 1961, après la rupture de la funeste « union » avec l’Egypte.

– Ce Moyen-Orient, passé dans le langage courant, a été conceptualisé en 1902 par l’amiral américain Alfred Mahan. Etait-ce un visionnaire de la géopolitique, et quelle portée a eu sa projection de l’Orient dans le monde ?

J’insiste comme historien sur le fait que le Moyen-Orient est une projection de puissance relativement récente, puisque ce concept naît il y a un peu plus de siècle, sous la plume d’un théoricien américain du contrôle des routes maritimes. Avant cet amiral Mahan, on parlait d’Orient ou de Levant. Lui pose le « Moyen-Orient » comme cible de toute puissance aspirant à l’hégémonie mondiale. Et cela un demi-siècle avant la fondation de l’état d’Israël ou l’exploitation massive du pétrole. C’est ce Moyen-Orient d’en haut qui disparaît aujourd’hui au profit d’une réalité dictée par les peuples en lutte.

– La révolution syrienne, démarrée pacifiquement, a sombré dans un chaos mortifère. La comptabilité macabre en atteste (plus de 30 000 morts en 20 mois, un million et demi de Syriens déplacés à l’intérieur du pays, 400 000 réfugiés dans les pays voisins, une situation humanitaire catastrophique). Quelle est votre perception de la complexité de ce conflit ?

Tous ces chiffres accablants, que vous reprenez de l’introduction de mon livre, pourtant paru il y a très peu de temps, peuvent déjà être doublés, tant la descente aux enfers du peuple syrien s’accompagne d’une aggravation exponentielle du nombre des victimes. Je crois que c’est moins la complexité du conflit syrien qui est sans précédent que la détermination du peuple de Syrie à renverser une dictature elle-même prête à tout pour demeurer en place. Les acteurs extérieurs croient pouvoir contrôler une crise dont je mets pourtant en lumière les enjeux profondément intérieurs et les ressorts intimes. La Russie et l’Iran sont ainsi engagés dans une co-belligérance active qu’ils vont payer au prix fort.

– Quel est le vrai poids du conflit confessionnel sunnite-alaouite et quelle sera son issue ?

Je vous remercie de parler de sunnites-alaouites plutôt que, comme trop de commentateurs, de sunnites-chiites. Les Alaouites ne sont en effet pas plus chiites que les Mormons ne sont protestants. Mais l’Iran et l’Arabie ont à l’évidence projeté sur le théâtre syrien leurs rivalités régionales, qu’elles déclinent sur un mode confessionnel. Aujourd’hui, Bachar al-Assad a littéralement pris en otages les Alaouites de Syrie et il faut que les forces révolutionnaires desserrent cet étau en intégrant de manière volontariste des personnalités alaouites. La nomination de Monzer Makhous comme ambassadeur de la Syrie nouvelle, à Paris, est un pas parmi d’autres en ce sens.

– Comment expliquez-vous l’apparente réserve de la communauté internationale, et notamment des Etats-Unis ? Cela aura-t-il des répercussions à terme entre une Syrie que vous voyez victorieuse de son tyran Bachar al-Assad et l’Occident ?

Je souligne l’effet profondément néfaste de l’absence de décision claire de la part de la communauté internationale, qui a abouti à aggraver le calvaire du peuple syrien. Je suis particulièrement sévère à l’encontre de Kofi Annan, dont la mission a coïncidé avec une escalade sanglante sur tous les fronts. Tous ces intervenants extérieurs sont prisonniers d’une vision dépassée où Bachar al-Assad continue d’incarner l’Etat, et où les combattants sont réduits à n’être que des relais des supposées influences étrangères. C’est une insulte au peuple syrien en lutte pour sa libération. Et il n’oubliera pas de si tôt qui était à ses côtés et qui l’a abandonné en ces moments terribles.

– Vous décrivez Hafez al-Assad, le père, comme un « conspirateur opiniâtre » qui a consolidé, en 1970, une « dictature d’une perversité inédite, habile à brouiller les pistes, pour camoufler l’accaparement du pays par un clan ». Tel père, tel fils, de quoi est faite la capacité de nuisance  de « l’Etat de barbarie » des Assad ?

J’ai pu rencontrer plusieurs fois Hafez al-Assad comme son fils. Je suis convaincu que, contrairement à tous les commentaires sur leur soi-disant « vision stratégique », ce ne sont que des survivants déterminés à tout sacrifier pour la préservation de leur pouvoir sans partage. C’est ce qui avait amené le regretté Michel Seurat à inventer ce concept lumineux d’« Etat de barbarie », car cet « Etat » n’a plus de rapport avec sa population que le bombardement et les massacres. Aucune négociation ne peut être menée avec cette machine de terreur, qui doit être démantelée, sous peine de perdurer comme depuis plus de quarante ans.

– Vous affirmez que la victoire sera politique avant d’être militaire, avec la chute de Bachar al-Assad. Mais pour l’heure, ce dernier résiste depuis plus d’un an face à l’Armée syrienne de libération (ASL) et le Comité National Syrien (CNS). La guérilla peut-elle vraiment avoir le dessus et à quelle échéance ?

Je crois en effet que la victoire sera politique et que « l’Etat de barbarie » s’effondrera de ne plus pouvoir entretenir sa terreur débridée. Cela ne signifie pas qu’un rapport de forces militaire ne doit pas être enfin établi pour que l’aviation, l’artillerie et les missiles du régime cessent de semer la terreur dans la population. Mais la clef ne sera pas dans une victoire « militaire » (la rébellion a d’ailleurs eu tort de céder à cette illusion lors des batailles de Damas et d’Alep en juillet 2012). Elle se trouvera dans l’établissement d’une autorité révolutionnaire et légitime sur un territoire syrien « libéré » au sens propre, c’est à dire protégé des frappes aveugles du régime.

– La résistance civile continue envers et contre tout, les slogans de rue étant scandés tous les vendredis par des milliers de Syriens. La révolution syrienne s’inscrit bel et bien dans le soulèvement démocratique qui traverse le monde arabe depuis 2010 ?

Il est en effet regrettable que l’essentiel des images qui nous parviennent de Syrie continuent d’être des images de combats, parfois atroces, alors que, tous les vendredis, des milliers de Syriennes et de Syriens continuent de manifester pacifiquement. Leur courage est admirable et il constitue la meilleure garantie de l’avenir. Mais la résistance civile couvre aussi tous les aspects d’administration locale, d’assistance humanitaire, de justice élémentaire qui « tiennent » les zones libérées du régime. C’est une Syrie nouvelle qui naît déjà sous nos yeux, farouchement attachée aux acquis de ses combats.

– Vous concluez en annonçant « l’An II de la révolution arabe, l’heure des peuples», précisant : « Ce nouveau Moyen-Orient que les néo-conservateurs croyaient enfanter en Irak en 2003 commence aujourd’hui d’émerger en Syrie ». Vous êtes résolument confiant dans l’avenir de la Syrie libérée du joug de Bachar al-Assad ?

A défaut d’être confiant, je suis résolument historien. L’invasion américaine de l’Irak en 2003 était un mauvais « remake » des expéditions coloniales, avec la volonté affichée de « libérer » par le haut un pays à la culture immémoriale. On connaît le désastre qui s’en est suivi : l’Irak mettra au moins une génération après le retrait américain pour se remettre d’un tel traumatisme. En Syrie, au contraire, c’est des profondeurs de la société que se développe l’alternative révolutionnaire. Aucun retour en arrière n’est possible et la dynamique contestataire de critique de toute autorité peut sembler ajouter à la confusion de la révolution syrienne, elle est aussi un rempart contre les tentations de restauration arbitraire.

Propos recueillis par la rédaction de Oumma.com

Jean Pierre Filiu, Le nouveau Moyen-Orient, les peuples à l’heure de laRévolution syrienne,  Fayard, 2013.

 

Tunisie: le torchon brûle entre Paris et Tunis

12 Fév

Par Saida Ouniss
Source : Huffington Post

Le torchon brûle entre Paris et Tunis. Ces derniers jours, la Tunisie, bouleversée par l‘assassinat de Chokri Belaid, traverse une crise politique sans précédent depuis la révolution du 14 Janvier 2011.

Bien que la contestation populaire soit antérieure à ce tragique événement, la mobilisation lors de l’enterrement de Chokri Belaid révèle un ras-le-bol général qui s’exprime dans toutes les classes sociales, toutes tendances politiques confondues.

Il y a plusieurs raisons à cela et notamment la dégradation du niveau de vie avec une conjoncture économique difficile qui se fait plus que jamais sentir. On se souvient de la pénurie de lait ces dernières semaines ou encore la hausse des prix des denrées alimentaires.

L’emploi des jeunes ne connaît pas d’amélioration et c’est surtout cette catégorie de la population qui se sent la plus lésée après un changement politique qui n’améliore en rien leur situation économique et sociale. Le gouvernement est désigné comme principal responsable de cette situation, n’ayant pas su prendre les bonnes décisions et n’étant pas capable de rompre avec les politiques en cours sous le régime de Ben Ali, notamment en ce qui concerne le volet économique. En attente de résultats, ils regrettent aussi la lenteur du travail de la justice et les trop rares mises en examen de ceux qui se sont rendus coupables de corruption, de malversations, de fraudes et de crimes. Il n’y a pas eu de signal fort et symbolique envoyé en direction d’une population en attente de changement.

La constitution tarde à voir le jour, après le dépassement d’un délai irréaliste (un an) la déception s’exprime sans retenue. Néanmoins les travaux législatifs entrent dans une phase déterminante, le jour de l’assassinat de Chokri Belaid, les parlementaires étaient sur le point de voter la loi sur l’inéligibilité des ex-leaders du RCD, un symbole fort de rupture avec l’ancien régime. Les consultations citoyennes menées par les députés se poursuivent depuis le début du mois de janvier et font l’objet d’un intérêt certain de la part de la population. Il est regrettable de constater que les événements actuels ralentissent substantiellement le processus constitutionnel.

La France a largement exprimé son indignation face au meurtre de Chokri Belaid en demandant expressément au gouvernement de faire la lumière sur ce crime. Par ailleurs, le président François Hollande et de nombreuses personnalités politiques françaises, dont le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ont fait part de leurs inquiétudes sur à la capacité du gouvernement à gérer cette crise. Après les déclarations malvenues de Manuel Valls, le sentiment anti-français a refait surface en Tunisie. Le ministre de l’Intérieur en appelant à soutenir les démocrates contre le fascisme islamique a ravivé la vieille plaie de l’ingérence coloniale. On ne peut que regretter ces propos emprunts d’une méconnaissance du contexte et des acteurs politiques tunisiens.

En effet, comment qualifier de fasciste un parti politique qui a prôné l’union nationale en dirigeant un gouvernement composé de personnalités issus de sensibilités politiques diverses, en prenant soin de n’exclure aucune composante du débat politique. Hier encore, le vice-président d’Ennahdha Abdelfattah Mourou appelait au dialogue avec tous, et même les ennemis d’hier le parti Nida Tounès, composé en majorité de rcdistes repentis. Le ministre de l’Intérieur, dénonce une volonté des « obscurantistes » d’ « enfermer les femmes tunisiennes dans un voile ».

Tenir de pareils propos dénote d’une profonde ignorance de la société tunisienne en général et des femmes tunisiennes en particulier. S’il est critiquable à maints égards, le parti Ennahdha a eu le mérite de ne jamais remettre en cause les acquis en termes de libertés publiques et de droits des femmes. Même lors du débat sur l’opportunité d’inclure dans la nouvelle Constitution une mention sur la « complémentarité » des droits entre les hommes et les femmes, les députés d’Ennahdha après un intense débat interne ont fait preuve d’ouverture et sont revenus sur cette formulation maladroite, lui préférant la notion d’égalité parfaite.

Une rapide observation de la composition de l’Assemblée Nationale Constituante révèle que sur les 49 femmes élues, 42 sont issues des rangs d’Ennahdha, devenant le parti politique tunisien le plus respectueux de la parité homme-femme. Doit-on rappeler qu’au moment des premières élections libres en octobre 2011, la Tunisie faisait état d’un taux de représentativité féminine à l’Assemblée Nationale de 24%, contre 18% seulement pour la France. Enfin, il suffit de se promener dans n’importe quelle ville tunisienne pour voir que les femmes voilées ou non parcourent les rues, sans que les unes ou les autres ne soient menacées en raison de leurs tenues vestimentaires.

Finalement, cette dialectique reprise par Manuel Valls rappelle celle qui a justifié le soutien infaillible de la France au régime de Ben Ali durant des décennies. Soutien amèrement reproché par le peuple tunisien au lendemain de la Révolution et qui explique l’apparition de slogans tels que « La France, Dégage » ou encore « François Hollande, la Tunisie, ce n’est pas le Mali » lors des rassemblements de ce week-end.

Quand le ministre de l’Intérieur annonce qu’il faut condamner l’islamisme car le contraire reviendrait à nier la démocratie pour laquelle les peuples arabes se sont battus, il remet fortement en cause l’indépendance de ces même peuples et surtout la légitimité de leurs choix électoraux.

Ces déclarations mettent à mal le travail des ONG Françaises sur le terrain ainsi qu’une partie de la diplomatie française qui œuvre pour un dialogue respectueux avec la Tunisie, et qui souhaite faire oublier les déclarations malheureuses d’une Michèle Alliot-Marie proposant à la Tunisie son savoir-faire en matière de répression.

Les franco-tunisiens se retrouvent dans une position inconfortable, eux qui pensaient que ce temps était révolu et que la France respecterait pleinement la souveraineté nationale de leur pays d’origine. Les tunisiens qui avaient salué l’élection du président Hollande en espérant qu’elle ouvrirait la voie à une nouvelle ère d’échange et de partenariat entre le Sud et le Nord de la Méditerranée ne cachent pas leur déception. La Tunisie attendra, le changement, ce n’est pas pour maintenant.

Censure à l’EM Lyon : la réaction de Tariq Ramadan après l’annulation de la conférence du 02 février

4 Fév

Censure à l’EM Lyon : la conférence de Tariq Ramadan interdite !

1 Fév

La conférence que Tariq Ramadan devait donner ce soir à l’EM Lyon a été annulée, deux jours avant, par l’administration de l’école. Sur son compte twitter, Tariq Ramadan s’exprime:

Mais la conférence qu’il doit donner à l’UFCM (Rillieux-la-Pape) ce soir est maintenue:

Quand la France libérera-t-elle Georges Ibrahim Abdallah ?

31 Jan

Source : www.politis.fr

La libération de l’activiste libanais, emprisonné depuis 1984 pour complicité d’assassinat, est suspendue à une décision de Manuel Valls et bloquée par le parquet. Son dossier piétine depuis 1999.

Vingt-huit ans après son entrée en prison, Georges Ibrahim Abdallah est devenu l’un des plus anciens prisonniers politiques au monde. Ce Libanais de 61 ans a été condamné le 28 février 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates israélien et américain en France en 1982.

Georges Ibrahim Abdallah en 1986 au tribunal de Lyon, derrière son avocat Jacques Vergès.

Georges Ibrahim Abdallah en 1986 au tribunal de Lyon, derrière son avocat Jacques Vergès.

AFP

À l’époque, aucune charge ne permet d’inculper l’ancien membre du Front populaire de libération de la Palestine pour ces meurtres. Mais le militant marxiste est identifié comme le chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise, qui revendique les homicides. Deux ans après les faits, Georges Ibrahim Abdallah était interpellé à Lyon avec un vrai-faux passeport et une perquisition permet de retrouver un pistolet qui aurait servi pour les assassinats.

Le ministère de l’Intérieur refuse de délivrer un arrêté d’expulsion

Depuis sa prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), Georges Ibrahim Abdallah est aujourd’hui suspendu à une décision du ministère de l’Intérieur. Après 7 demandes infructueuses, il a obtenu en novembre 2012 un avis favorable à sa libration. Mais cette remise en liberté est conditionnée à son expulsion vers le Liban. Son sort est donc entre les mains du ministre de l’Intérieur.

 

Dernière minute

L’audience prévue ce lundi 28 janvier pour statuer sur la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah a été une nouvelle fois reportée, vendredi, en raison d’un appel du parquet, rapporte Europe 1 « de source judiciaire ». En attendant que cet appel soit examiné dans un délai légal de deux mois, le tribunal d’application des peines (TAP) ne pourra donc pas trancher comme prévu.

Le 14 janvier, le TAP avait ajourné sa décision au 28 janvier. C’est cet ajournement que conteste le parquet, estimant que le TAP aurait dû « déclarer la demande de libération conditionnelle de M. Abdallah irrecevable, compte tenu de l’absence d’arrêté d’expulsion, préalable indispensable à l’examen de cette demande ».

Or, la place Beauvau tarde à émettre le titre d’expulsion, forçant le tribunal d’application des peines (TAP) à « ajourner » sa décision. Après un premier report de deux mois, le TAP a donc dû à nouveau décider, le 14 janvier, d’un délai supplémentaire. Il devait finalement se prononcer lundi 28 janvier. Pendant ce temps, le parquet s’acharne à tenter de faire invalider la libération d’Abdallah, en multipliant les appels. Le TAP n’a ainsi pas pu trancher ce lundi 28 janvier. 

L’imbroglio juridico-administratif est total et les soutiens de l’ancien activiste s’impatientent. Abdallah est libérable depuis 1999, lorsque sa période de sûreté prenait fin. Il avait obtenu une première libération conditionnelle en 2003, finalement retoquée en appel en janvier 2004. Depuis, son dossier piétine.

« Cette injustice a assez duré  »

Devant l’enchevêtrement des procédures judiciaires, la colère est vive. Au Liban, à Ramallah et partout en France, de nombreux rassemblements ont été organisés depuis deux semaines pour dénoncer une« vengeance politique » de la France contre ce militant pro-palestinien. Avec une tension certaine autour des centres culturels français au Liban, l’affaire – résolument politique – grossit.

 

Liberté pour Nadir Dendoune !

31 Jan

Source : Alain Gresh, Nouvelles d’Orient

Le journaliste franco-algérien Nadir Dendoune a été arrêté en Irak le 23 janvier. Il y est détenu depuis, sans explication et sans que les autorités consulaires françaises aient pu lui rendre visite. Il est en Irak avec un visa de journaliste et une accréditation du Monde diplomatique. Nadir s’était déjà rendu dans ce pays en 2003 pour servir de « bouclier humain » face à la menace de guerre. Selon des informations non confirmées, on lui reprocherait d’avoir pris sans autorisation des photos d’une usine de traitement des eaux. Cette arrestation est scandaleuse.

Le Syndicat national des journalistes irakiens a déclaré le 29 janvier : « Nous disons aux forces de sécurité d’arrêter d’empêcher nos journalistes de travailler, même quand ils utilisent un appareil photo, qui sert simplement à montrer la vie quotidienne des gens, et qui sert également à fonder les bases solides de la démocratie. Le journaliste sert aussi au respect de la loi, des libertés. Un appareil photo n’est pas un bâton de dynamite ou une mine artisanale, mais une arme qui sert à crier la vérité. C’est l’œil de la vérité. »

Nadir a publié plusieurs livres, dont Lettre ouverte à un fils d’immigré (Danger public, Paris, 2007), en forme d’autobiographie.

Un comité de soutien pour sa libération s’est créé sur Facebook.

Une conférence de presse sur son cas se tiendra le jeudi 31 janvier à 17 heures à l’Institut du monde arabe (IMA), où est prévue, à 18 h 30, la première projection de son film Palestine.

Le journaliste franco-algérien Nadir Dendoune a été arrêté en Irak le 23 janvier. Il y est détenu depuis, sans explication et sans que les autorités consulaires françaises aient pu lui rendre visite. Il est en Irak avec un visa de journaliste et une accréditation du Monde diplomatique. Nadir s’était déjà rendu dans ce pays en 2003 pour servir de « bouclier humain » face à la menace de guerre. Selon des informations non confirmées, on lui reprocherait d’avoir pris sans autorisation des photos d’une usine de traitement des eaux. Cette arrestation est scandaleuse.

Le Syndicat national des journalistes irakiens a déclaré le 29 janvier : « Nous disons aux forces de sécurité d’arrêter d’empêcher nos journalistes de travailler, même quand ils utilisent un appareil photo, qui sert simplement à montrer la vie quotidienne des gens, et qui sert également à fonder les bases solides de la démocratie. Le journaliste sert aussi au respect de la loi, des libertés. Un appareil photo n’est pas un bâton de dynamite ou une mine artisanale, mais une arme qui sert à crier la vérité. C’est l’œil de la vérité. »

Nadir a publié plusieurs livres, dont Lettre ouverte à un fils d’immigré (Danger public, Paris, 2007), en forme d’autobiographie.

Un comité de soutien pour sa libération s’est créé sur Facebook.

Une conférence de presse sur son cas se tiendra le jeudi 31 janvier à 17 heures à l’Institut du monde arabe (IMA), où est prévue, à 18 h 30, la première projection de son film Palestine.

Mali, Afghanistan, les leçons oubliées

14 Jan

Source : Alain Gresh , Nouvelles d’Orient

Une nouvelle fois, un consensus politique se dessine autour de l’intervention militaire française au Mali. Le Parti socialiste comme l’UMP et le Front national soutiennent l’initiative du chef de l’Etat. Seules quelques voix discordantes se font entendre, au Parti communiste (« L’intervention militaire française comporte de grands risques de guerre », PCF, 12 janvier) ou au Parti de gauche. L’ancien premier ministre Dominique de Villepin, dans une tribune auJournal du dimanche (« Villepin : “Non, la guerre ce n’est pas la France” », 13 janvier), s’inquiète également :

« Ne cédons pas au réflexe de la guerre pour la guerre. L’unanimisme des va-t-en guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la “guerre contre le terrorisme” m’inquiètent. Ce n’est pas la France. Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye.

Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d’airain des milices armées.

Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. »

Il est ironique de noter que cette intervention a commencé au moment où la France se retire d’Afghanistan (Lire « Fin de mission en Afghanistan », Défense en ligne, 19 décembre 2012) et où le président Hamid Karzaï se trouvait à Washington pour discuter du retrait total (ou presque) des forces américaines. Est-ce sur un succès que ces troupes se retirent d’Afghanistan ? « Mission accomplie » ?

Rien n’est moins sûr.

Le pouvoir qui s’est installé à Kaboul, dans les fourgons des armées étrangères, est dirigé par Karzaï, dont il faut rappeler qu’il n’a gagné l’élection présidentielle de septembre 2009 que grâce à des fraudes massives ; sa légitimité ne dépasse pas celle de son clan, de ses affidés, profondément corrompus. Ce sont des dizaines de milliards de dollars d’aide internationale qui ont disparu dans les poches sans fond des responsables politiques. Sans parler du fait qu’une part importante de cette aide « retourne » aux pays donateurs, comme le remarque Oxfam-France :

« L’aide internationale à l’Afghanistan est relativement significative en volume, mais elle reste largement inefficace : presque 40 % des montants versés depuis 2001 sont retournés aux pays donateurs sous la forme de profits ou de rémunérations. De plus une large part de l’aide ne parvient pas aux Afghans les plus pauvres. »

Et, du point de vue social, la situation reste terrible, marquée par une guerre qui n’en finit pas. Toujours selon Oxfam :

« Si quelques progrès ont été enregistrés en matière de santé et d’éducation dans les années qui ont suivi la chute des talibans, les défis à relever dans ces secteurs restent écrasants : actuellement un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans, une femme sur huit meurt de complications liées à la grossesse ; deux millions d’enfants, dont deux tiers sont des filles, ne sont pas scolarisés. On estime actuellement que près de la moitié de la population afghane vit toujours en dessous du seuil de pauvreté, tandis que plus de la moitié des enfants souffre de malnutrition chronique. »

Qui peut croire que la guerre amène une amélioration de la situation des populations ?

Le plus paradoxal est que le seul progrès représenté par la scolarisation plus importante des filles reste menacé : les seules chances de l’administration actuelle afghane de ne pas être éliminée après le départ des troupes de l’OTAN est de négocier avec les talibans. Et, comme le remarquent les responsables d’Oxfam, ce sont les femmes qui risquent d’être les victimes de cette réconciliation. Quoiqu’il en soit, il est faux de croire que la libération des femmes peut être imposée par les baïonnettes des armées étrangères (lire Christine Delphy, « Une guerre pour les femmes ? », Le Monde diplomatique,mars 2002). Le colonialisme aussi prétendait « libérer » les femmes musulmanes.

Mais les interventions en Afghanistan (puis en Irak) ont eu bien d’autres conséquences régionales et internationales dont on paie encore le prix. La guerre s’est étendue au Pakistan, où les talibans locaux se sont renforcés au détriment d’un pouvoir central affaibli. Et l’utilisation massive des drones par l’administration Obama pour éliminer des « terroristes » — avec de nombreuses victimes « collatérales » —, alimente les haines anti-occidentales.

Ces expéditions militaires menées au nom d’une guerre sans fin contre le terrorisme ont eu pour effet paradoxal de renforcer ces organisations que l’Occident affirmait vouloir détruire. Il s’est créé, en réponse aux interventions multiples, « une autoroute de l’internationale insurgée », du Pakistan au Sahel, en passant par l’Irak, la Somalie : par elle circulent les combattants, les idées, les techniques de combats, les armes de tous ceux qui veulent lutter contre « les nouveaux croisés ». Des combattants irakiens se sont formés en Afghanistan, tandis que des Maghrébins ont pu acquérir en Irak une compétence militaire incontestable. La guerre contre le terrorisme a facilité l’unification de groupes très divers sous le drapeau d’Al-Qaida. Et, sans doute, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) n’aurait jamais pris cette dimension sans l’intervention en Afghanistan. Et aussi, rappelons-le, sans la guerre en Libye qui a « libéré » des arsenaux militaires considérables et de nombreux combattants enrôlés (et contrôlés) par Kadhafi. Peut-on s’étonner que de nombreux musulmans voient dans ces interventions une croisade contre l’islam ? Toutes, depuis 2001, ont eu lieu dans des pays musulmans — Afghanistan, Irak, Somalie, Liban, Mali, sans oublier les guerres menées à Gaza. Et au moment où l’islamophobie fait des ravages dans les sociétés occidentales.

Combien de fois nous a-t-on expliqué qu’il n’y avait pas le choix, que « nous » défendions en Afghanistan la sécurité de l’Occident : si « nous » étions battus là-bas, les combats se déplaceraient demain dans nos banlieues. Et pourtant « nous » allons partir d’Afghanistan comme si de rien n’était, sans avoir stabilisé la situation, sans même parler de démocratie. Et personne ne prétend que les conséquences en Europe seront catastrophiques. On peut remarquer, au contraire, que chacune de ces expéditions coloniales aboutit à plus d’insécurité, plus de contrôles, plus de surveillance et, par là même, à une atteinte aux libertés fondamentales.

Pourtant, c’est le même argument qui est repris pour le Mali : éviter que s’installe à nos frontières un foyer terroriste, un Sahelistan (lire, dans Le Monde diplomatique de janvier, le reportage de Philippe Leymarie). Et la première décision du gouvernement français au lendemain de l’engagement au Mali est de renforcer le plan Vigipirate ! N’est-ce pas parce que nos gouvernants savent que ce type d’intervention alimente le terrorisme, qu’elle ne l’affaiblit pas ?

Douze ans après, l’intervention occidentale en Afghanistan est un fiasco. Celle en Irak a abouti à la déstabilisation durable du pays (et à une implantation de groupes liés à Al-Qaida qui n’y étaient pas présents avant 2003). D’ici douze ans, quel bilan dressera-t-on de l’engagement de la France au Mali?